dimanche 6 octobre 2024

27ème dimanche du temps ordinaire / année B

 

6/10/2024

Marc 10, 2-16 (Marc 12, 24)

Jésus n’était pas marié. Il a très rarement parlé du mariage. Il existe un contraste saisissant entre les très rares paroles du Christ à ce sujet et les innombrables documents de l’Eglise consacrés au mariage et à la famille, surtout au 20ème siècle, en particulier sous le pontificat de Jean-Paul II. Le passage essentiel des Evangiles dans lequel Jésus aborde le mariage est celui que nous venons d’entendre dans la version qu’en donne saint Marc. Notons que le Seigneur donne cet enseignement en réponse à une question-piège qui lui est posée par les pharisiens, une question portant sur la possibilité du divorce. Chez saint Marc Jésus répond à cette question par une autre question : Que vous a prescrit Moïse ? Il renvoie dans un premier temps les stricts observateurs de la Loi que sont les pharisiens à cette même Loi attribuée à Moïse. Ce dernier permet le divorce tout en protégeant la femme renvoyée grâce à l’obligation d’établir un acte de répudiation. Ce n’est qu’après avoir entendu la réponse de la Loi que le Seigneur répond en donnant sa propre réponse : C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. Ce passage est d’une extrême importance pour nous permettre de bien interpréter la Bible. Jésus nous donne ici une règle d’interprétation que nous pouvons employer pour d’autres sujets que le mariage. La Loi de Moïse a été donnée à des hommes pécheurs. Elle s’adapte en quelque sorte à la méchanceté du cœur humain en essayant de limiter cette méchanceté. Elle n’enlève pas le péché, elle le modère. C’est donc une loi qui tient compte de l’endurcissement des cœurs dans le péché. Le Seigneur, lui, remonte beaucoup haut que Moïse. Il nous invite à regarder le projet créateur de Dieu au commencement, donc avant le péché des origines. Jésus affirme que la Loi de la Création est supérieure à la Loi de Moïse. La première alliance, celle de la Création, l’emporte en sainteté et en importance sur l’alliance conclue plus tard à l’époque de Moïse. Si le Seigneur affirme nettement l’indissolubilité du mariage, donc le refus du divorce, c’est bien parce qu’il se réfère au projet de Dieu Créateur au commencement : Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! En affirmant cela Jésus se présente comme supérieur à Moïse, ce qui a dû faire grincer des dents les pharisiens… Mis à part cette insistance sur le caractère indissoluble de l’union de l’homme et de la femme, le Seigneur se contente de citer le verset essentiel du chapitre 2 de la Genèse sur le mariage : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ce verset 24 contient implicitement ce que nous nommons dans la préparation des couples au mariage « les piliers du mariage chrétien à l’église », trois sur quatre. Tout d’abord la liberté du consentement qui implique la maturité. C’est cela qui est signifié par l’expression « quitter son père et sa mère ». Se marier, c’est en effet être capable de se détacher de ses parents et de sa famille d’origine pour créer une nouvelle réalité : celle du couple et donc une nouvelle famille. Ce choix d’un mari ou d’une femme implique que désormais la priorité de l’amour ne va plus aux parents mais à sa femme ou à son mari. Après la liberté nous trouvons dans ce verset la fidélité et l’indissolubilité. « S’attacher à sa femme » : ce lien implique un choix exclusif donc le détachement vis-à-vis des autres femmes. Choisir sa femme, c’est exclure toutes les autres. « Devenir une seule chair », dans l’unité du corps et de l’esprit, implique que le mariage est pour toujours et que seule la mort de l’une des parties peut y mettre un terme. Il ne manque que le pilier de la fécondité, même si l’expression « une seule chair » peut faire penser à la procréation des enfants en évoquant l’union des corps. C’est dans le chapitre premier de la Genèse que la fécondité du couple est clairement affirmée sous la forme d’un commandement : Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. »

Enfin il est intéressant et utile de mettre en lien ce passage du chapitre 10 de l’Evangile selon saint Marc avec le verset 25 du chapitre 12 :

Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans les cieux.

Le mariage est donc une réalité purement terrestre, limitée à notre vie sur cette terre. Dans le Royaume des Cieux cette réalité n’aura plus lieu d’être. Seule subsistera la charité universelle circulant entre les saints et les saintes dans la communion du Dieu trois fois saint.