lundi 23 février 2015

Parution de mon livre: Méditations bibliques sur les animaux


http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/culat-robert/meditations-bibliques-sur-les-animaux,66654549.aspx

Le livre Méditations bibliques sur les animaux se situe au carrefour de la théologie biblique, de la philosophie, de l’écologie et de questions d’actualités comme celle de l’industrie de la viande.
Ce livre se déploie sous la forme de 24 méditations ou tableaux bibliques dont 15 pour l’Ancien Testament et 9 pour le Nouveau Testament. Une importance particulière est accordée aux deux premiers chapitres de la Genèse (méditation 1) ainsi qu’au livre des Psaumes (méditation 15). Deux annexes montrent comment le message biblique sur le thème de la relation hommes/animaux est traité dans les catéchismes et comment la théologie de la création est présente dans la liturgie.
Au regard d’une actualité chargée dans le domaine de l’élevage industriel (depuis l’affaire de la « vache folle » en passant par l’évolution récente du statut de l’animal dans le Code civil jusqu’à la « ferme usine des 1000 vaches ») et des défis éthiques et écologiques posés par l’industrie de la viande et la surconsommation de produits d’origine animale, ce livre a pour but de revisiter la notion biblique d’anthropocentrisme ainsi que la théologie de la création, trop oubliée dans l’enseignement ordinaire de l’Eglise. Les textes bibliques, en particulier les textes fondateurs de la Genèse, sont la source d’une sagesse précieuse concernant la relation de l’homme aux animaux. Si la Bible affirme la place centrale de l’homme dans le dessein créateur de Dieu, elle ne lui donne pas pour autant le droit de faire ce qu’il veut du don de la création. Si l’homme est au centre, ce n’est pas pour se comporter en dictateur capricieux, encore moins en oppresseur et en destructeur de la création et des autres créatures. Le message biblique enseigne au contraire à l’homme la voie de la solidarité entre les créatures et celle d’une responsabilité de la part de l’homme qui implique toujours le respect pour la création divine ainsi que pour la vie sous toutes ses formes, y compris la vie animale. Le végétarisme est habituellement associé au bouddhisme. Il est temps pour les chrétiens de redécouvrir que les textes fondateurs de leur foi et le fonctionnement scandaleux de l’industrie de la viande depuis les années 60 les invite eux aussi à devenir végétariens, ou au moins à réduire leur consommation de viande, pour des raisons écologiques et pour le respect dû à la vie des animaux, qui sont, eux aussi, des créatures de Dieu. Le rapport entre l’homme et les animaux fait pleinement partie de l’éthique et un chrétien doit se laisser interpeller par le message biblique aussi dans ce domaine. Comme l’affirme Thomas Lepeltier notre siècle sera peut-être celui de La révolution végétarienne[1].



[1] Editions Sciences humaines / Accent aigu (2013)

dimanche 22 février 2015

Premier dimanche de carême / B

Marc 1, 12-15

22/02/15

Avant de commencer sa prédication en Galilée, Jésus, poussé par l’Esprit, se rend au désert. Vrai homme, il accepte l’épreuve de la tentation pendant quarante jours, comme autrefois les hébreux furent tentés pendant quarante ans dans le désert. Le Carême est un temps de pénitence, de purification et de renouvellement de notre vie chrétienne. C’est la raison pour laquelle, chaque année, nous commençons ce temps de préparation à Pâques en contemplant Jésus mis à l’épreuve par Satan dans le désert. Il se préparait ainsi à l’accomplissement de sa mission : annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Si Matthieu et Luc nous donnent le contenu des tentations du Seigneur, saint Marc, lui, se contente de signaler la tentation. Mais dans sa brièveté habituelle, il nous donne un détail que nous ne trouvons pas chez les autres évangélistes : « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient ». D’où le choix de la première lecture qui nous rappelle l’alliance de Dieu avec Noé et tous les êtres vivants, « les oiseaux, les animaux domestiques, toutes les bêtes sauvages ». En fait la présentation faite par saint Marc des tentations au désert nous renvoie plutôt aux deux premiers chapitres de la Genèse, les récits de la création, au commencement. Jésus est victorieux dans l’épreuve de la tentation contrairement à Adam et Eve. Il nous est présenté comme le roi de la création nouvelle. Roi ne signifie pas dictateur ou tyran. Le fait d’être roi n’implique pas l’oppression et la destruction. Après le péché des origines, l’homme et la femme qui avaient été constitués rois de la création ont exercé cette royauté d’une manière perverse. Ils se sont transformés en dictateurs et ont soumis toute la création à leur joug égoïste. Nous nous trouvons toujours dans cette situation de nos jours pour ce qui concerne l’organisation globale de nos sociétés et particulièrement l’économie qui justifie tout au nom du profit et de la concurrence. La preuve nous en est fournie par l’extrême difficulté que nous avons à prendre au sérieux la crise écologique et à revoir notre relation avec les autres créatures vivantes. De sommets en sommets, nos dirigeants politiques et les responsables économiques avec eux se comportent en irresponsables, remettant toujours à demain ce qui aurait dû être décidé depuis des années déjà. Nous vivons clairement de ce point de vue-là dans une structure de péché. Le tableau que Marc nous donne nous renvoie, lui, au paradis terrestre. Les bêtes sauvages représentent la création visible et les anges la création invisible. Jésus, nouvel Adam, réalise en sa personne libérée du péché l’unité de toute la création. Deux textes magnifiques de saint Paul nous permettent de comprendre en profondeur ce qui commence dans le désert alors que Jésus est vainqueur de Satan. Dans le premier, la lettre aux Ephésiens, l’apôtre décrit ainsi le projet de Dieu : « Saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ ». Dans le second, la lettre aux Colossiens, saint Paul nous montre que le Christ, roi de la création nouvelle, apporte la paix de Dieu à toute la création et à toutes les créatures : « Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ». Depuis le péché des origines l’homme est déchu de sa royauté sur la création. C’est le Christ qui est le roi de la création. C’est donc dans la mesure où nous vivons selon l’Evangile de Jésus et que nous cherchons à l’imiter dans notre vie que nous retrouverons notre royauté sur la création. Royauté pour Jésus signifie, nous le savons, service et don de soi, libération, reconnaissance de la primauté du Créateur, source et origine de toute vie et de toute grâce. Et si ce temps de Carême nous était donné pour redécouvrir notre véritable royauté au sein de la création ? Alors que le pape François prépare une encyclique sur l’écologie, quelle joie ce serait pour nous de pouvoir nous émerveiller en présence de la création et de toutes les créatures ? De pouvoir dire merci à Dieu notre Père pour la beauté de sa création, le miracle de toute vie et lui demander pardon pour l’oppression que nous lui faisons subir de bien des manières. Le Créateur attend de nous que nous soyons les libérateurs de sa création. Il est grand temps que non seulement nous respections la dignité de toute personne humaine mais aussi la vie des animaux avec lesquels Dieu a aussi fait alliance et notre planète terre sans laquelle nous ne pourrions même pas exister. Écoutons un passage de l’hymne de l’univers dans le livre de Daniel :

Que la terre bénisse le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur,
et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur,
et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !
Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur,
baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur,
vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur,
vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur À lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur : À lui, haute gloire, louange éternelle !


dimanche 8 février 2015

Cinquième dimanche du temps ordinaire / B

8/02/15

Marc 1, 29-39

Dans cette page d’Evangile saint Marc nous présente une journée type de Jésus. Nous sommes dans les premiers jours de son ministère public en Galilée. Comment ne pas être frappé par les nombreuses activités du Seigneur ? Par ses nombreuses rencontres avec des personnes très différentes ? Jésus nous apparaît ici comme un homme ouvert aux autres et à leurs besoins, disponible en vue de la rencontre, un homme de relations. Relation tout d’abord avec ceux qu’il a choisis pour être ses disciples : c’est la scène qui se déroule dans la maison de Simon et André. Mais relation aussi avec la foule des inconnus qui viennent chercher auprès de lui espérance, délivrance et guérison : « La ville entière se pressait à la porte ». Cette foule ne lui permet même pas de se retirer dans la solitude pour prier : « Tout le monde te cherche ». Jésus est en quelque sorte victime de son succès et de sa renommée. Dans cette page d’Evangile, il est le médecin des corps et des âmes. De sa personne émane une puissance proprement divine qui fait fuir les démons et redonne aux corps la santé. Ces guérisons et ces exorcismes annoncent un don beaucoup plus grand, celui de la vie éternelle, de la victoire sur le mal et sur la mort. Pour nous qui sommes ses disciples nous savons que cette vie éternelle commence dès maintenant avec le baptême et la foi. Ce qui unifie profondément les nombreuses activités du Seigneur tout au long de sa journée, c’est bien son désir de proclamer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu. Tous ses actes et toutes ses paroles, son attitude d’accueil envers tous sont pour lui annonce de l’Evangile. Et lorsque Jésus parvient à se réfugier dans un endroit désert, « bien avant l’aube », c’est pour prier son Père. La prière nocturne de Jésus nous montre la source de toute sa mission, l’origine de cet Evangile qu’il commence à proclamer en Galilée. C’est bien Dieu le Père qui l’a envoyé et lui a confié cette mission. C’est bien le cœur de son Père qu’il désire révéler aux foules : un cœur débordant d’amour et de miséricorde, particulièrement pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme.
Un passage de la lettre aux Hébreux me semble constituer un excellent commentaire de cette page d’Evangile. L’auteur de cette lettre nous montre en effet Jésus comme le médiateur entre Dieu et les hommes, et il nous fait comprendre l’esprit selon lequel il a proclamé la Bonne Nouvelle dans le temps de son incarnation :

« En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. […] Avançons-nous vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. Soyons attentifs les uns aux autres pour nous stimuler à vivre dans l’amour et à bien agir. Ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous, d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour du Seigneur. »