vendredi 22 décembre 2006

Quatrième dimanche de l'Avent

4ème dimanche de l’Avent / C
24 XII 06
Luc 1, 39-45 (page 190)

Le troisième dimanche de l’Avent était le dimanche de la joie. Avec le quatrième dimanche de l’Avent nous demeurons dans cette tonalité joyeuse. L’Evangile de cette messe nous rapporte le récit de la Visitation, un mystère qui fait partie des mystères joyeux du rosaire. La liturgie nous fait entendre la première partie de ce récit. Il nous manque ici la prière de Marie : le Magnificat, splendide conclusion à l’événement de la Visitation. Le dernier dimanche avant Noël, celui qui nous prépare directement à la célébration de cette solennité, est donc à la fois joyeux et marial.
Avant d’entrer plus avant dans ce texte évangélique, nous pouvons contempler le mystère de la Visitation dans son aspect fortement symbolique. Car dans cette rencontre entre Marie et Elisabeth il y a bien un mystère divin qui dépasse l’événement pris en lui-même. Une rencontre suppose toujours, au minimum, deux personnes.
D’un côté nous avons celle qui prend l’initiative, celle qui « se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée » : Marie. Marie est une jeune fiancée, une vierge. De l’autre côté nous avons Elisabeth, une personne avancée en âge, mariée et sans descendance parce que stérile. Comment ne pas deviner dans cette rencontre entre les deux femmes la rencontre entre la première Alliance et la nouvelle Alliance ? En visitant Elisabeth, Marie vient en quelque sorte accomplir la première Alliance à la fin des temps. La rencontre de la Visitation se déroule en fait entre quatre personnes. Car s’il y a les deux mères, il y a aussi les deux enfants : Jésus et Jean. Et si Jésus et Jean sont là dans le sein de leurs mères respectives, c’est bien parce que Dieu l’a voulu ainsi. Dieu est intervenu pour que la vierge puisse concevoir et pour que la stérile puisse enfanter. A la fin des temps Dieu intervient pour porter à son accomplissement l’ancienne Alliance dans la nouvelle. C’est ici qu’il faudrait nous souvenir des merveilleuses paroles du prologue de Jean que nous entendrons demain :
« Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. »
Ce que Jean affirme ici des baptisés et des croyants s’applique d’abord et d’une manière unique à Jésus et à Jean le baptiste. Si leurs naissances sont miraculeuses, ce n’est pas par goût du merveilleux et de l’extraordinaire, mais bien pour nous faire comprendre qu’avec ces enfants une nouvelle ère commence : l’ère chrétienne. Nous sommes bien à la fin des temps, à l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu.
Ceci étant dit, nous pouvons maintenant mieux goûter certains détails du récit de saint Luc. Comme souvent dans la Bible, l’événement de la Visitation est à la fois caché et décisif pour notre salut. Puisque mystérieusement nous basculons en quelque sorte du régime de la Loi au temps de la grâce. Nous avons parlé des quatre personnes qui donnent sens à cette belle rencontre dans la maison de Zacharie. N’oublions pas la personne principale, celle sans laquelle ce passage de l’ancien au nouveau, du provisoire au définitif, n’aurait pu se faire. Cette personne est la troisième personne de la Trinité : le Saint-Esprit.
« Alors Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint. »
C’est bien le Saint Esprit qui est l’auteur de toute cette joie humble et cachée : la joie de Jean, la joie de sa mère Elisabeth. Et Marie est pour ainsi dire le canal de cette joie divine. En tant que mère de Jésus et servante du Seigneur, elle est personnellement comblée de joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. » En même temps elle ne peut que rayonner, transmettre cette joie du salut autour d’elle.
A la veille de Noël, nous avons à faire notre l’attitude de l’apôtre Jean au pied de la croix : prendre Marie chez nous en demandant la grâce de croire comme elle-même a cru. Car là où est la Vierge Marie, là est aussi l’Esprit Saint. Et là où est l’Esprit de Dieu là est la joie que nul ne peut nous ravir.
Amen

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